Depuis 1919 et l'élection du premier maire d'origine populaire, les premiers magistrats de Tarnos ont été des personnages marquants pour l'histoire de la ville et de ses habitants. Issus d'une tradition ouvrière, tous étaient imprégnés et porteurs de l'idéal communiste, à travers le contexte politique, social et culturel propre à chaque époque.
Cette affirmation de valeurs, si elle reflétait l'état d'esprit des Tarnosiens, des Tarnosiennes et de leurs voisins Boucalais, n'était pas forcément du goût des autorités. Plusieurs maires et élus du Conseil municipal ont été destitués par les Préfets, d'autres déportés durant la seconde guerre mondiale.
Retour en dates sur une histoire peu commune.
1919 – 1920 : François Graciet
François Graciet est suspendu pendant un mois avec son Premier Adjoint M. Laffargue pour avoir « arboré le drapeau rouge » à la Mairie le jour du 1er mai. Une « étoffe rouge » accompagnait ce drapeau, avec l'inscription : « Notre Patrie c'est l'univers ; notre ennemie, c'est le capital ; nous ne connaissons pas de frontières. Vive l'Internationale ! ».
Le même jour, 20 mai 1920, l'ensemble du Conseil municipal de Tarnos démissionne, « protestant contre les sanctions dont sont victimes [leurs] camarades » du Conseil municipal du Boucau, mais aussi devant « l'arrestation arbitraire » de Viro (syndicaliste des Forges de l'Adour).
François Graciet est révoqué de ses fonctions le 8 juin par le Président de la République Française, Paul Deschanel, sur proposition du Ministre de l'Intérieur. Paul Laffargue, se déclarant solidaire du Maire, subit le même sort. En savoir+
1920 – 1923 : Pierre Dufourcet
Le 27 avril 1919, le Conseil municipal de Tarnos vote l'édification d'un monument aux morts pour la guerre 14-18 et lance une souscription auprès de la population. Le monument comportait à l'origine des inscriptions peintes en noir sur ses 4 faces :
- Côté Est : « A ceux qui sont mort croyant défendre les belles vertus de la race humaine »
- Côté Nord : « Les guerres n'ont jamais été que la misère des peuples. Souvenez-vous »
- Côté Ouest : « L'humanité n'a qu'un chemin : la Paix »
- Côté Sud : « Mère de famille, que l'avenir dans la paix nous réserve plus de gaieté »
Ces accents pacifistes qui défient le pouvoir ne sont pas du goût de l’État. Par arrêté préfectoral, il est demandé au Maire de Tarnos de supprimer les inscriptions. Soutenu par le Conseil municipal, celui-ci refuse d'obtempérer. Pierre Dufourcet est suspendu par le Préfet en décembre 1923 et les inscriptions effacées. Après réélection en janvier 1924, le nouveau Conseil municipal dénoncera ces décisions préfectorales.
1925 – 1930 : Jean Bébé
Jean Bébé est révoqué le 18 juin 1930 pour avoir fait apposer des affiches blanches et noires « à caractère officiel » appelant la population à manifester le 1er mai 1930. En savoir+
1930 – 1935 : Charles Durroty
Résistant, Charles Durroty est raflé en octobre 1942. Il décéde en février 1945 à Sachsenhausen. En savoir+
1935 – 1939 : Joseph Biarrotte
Le 27 octobre 1939, comme ceux des maires communistes de France, le mandat de Joseph Biarrotte est interrompu par un décret de destitution. Il est déporté à Buchenwald. Survivant, il est réélu Maire en 1947. En savoir+
1939 – 1944 : Maurice Daugareil
En 1939, suite à la destitution de Joseph Biarrotte, Maurice Daugareil est nommé par le Préfet « Président de la délégation spéciale » et chargé d'administrer la ville qui tombera sous l'occupation allemande à partir de juin 1940.
1944 – 1947 : Albert Castets
Albert Castets est élu au sein de la première séance du « Comité Communal Provisoire », comité composé exclusivement de résistants, après que la ville ait payé un lourd tribu. Il est réélu le 29 octobre puis le 12 mai 1945. En savoir+
1971 – 1991 : André Maye
André Maye a été profondément marqué par la fermeture des Forges de l'Adour en 1965. La reconversion industrielle du site sera en partie rendue possible par son action volontaire. Militant engagé, il paiera par deux ans de chômage ses convictions syndicales. En savoir+