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La Digue

Dompter l’Adour capricieux et la puissance des flots de l’Atlantique, fut le dessein de nombreux hommes, de Louis de Foix (au XVIème siècle), à l’ingénieur Lesbordes, chargé du suivi de la construction de la Digue et qui lui laissa son nom.

Exposition réalisée en 2008 – Réalisation Ville de Tarnos. Documents actualisés et complétés en janvier 2016.

De la Barre à la Digue

Au fil des siècles, les constructions se sont succédées pour tenter de vaincre les caprices de l'océan et la fameuse « Barre de l'Adour », cette accumulation de sable dans le chenal d’entrée du fleuve, rendant son accès très difficile.

Après la construction des digues basses en 1810 apparurent les digues « à claire ». Ces voies bâties sur enrochements permettaient au sable de s’écouler sur les côtés, et étaient surmontées de passerelles.
Mais très rapidement ces digues à claire-voie s’avérèrent inefficaces : en 1866 leur bois était complètement rongé par les mollusques. Pour remplacer ces digues à claire-voie, deux petites digues empierrées sont construites au Nord et au Sud de l’embouchure.

Afin d’augmenter la capacité d’accueil du port et de protéger l’embouchure de l’Adour de la houle et de l’ensablement, la décision de construire une nouvelle et grande Digue fut prise.

Barre de l’Adour. Non daté, Ville de Tarnos

La Construction de la Digue Nord

Après de longues années d’études et d’expériences, les travaux de construction de la Digue sont entrepris en 1962 et dureront 4 ans. Pas moins de 80 000 tonnes de béton seront nécessaires pour l’ensemble de l’ouvrage, qui au départ devait mesurer 1 800 mètres de long !
Depuis le quartier Saint-Bernard jusqu’aux dunes, une nouvelle route fut également construite longeant l’Adour afin de permettre l'acheminement constant de blocs de pierre sur le chantier devenu colossal.

A la fin des travaux, la Digue accuse un millier de mètres de longueur et a coûté plus de 3 milliards de francs. Très sensiblement incurvée vers le Sud à l’origine, son profil a dû être redressé en cours de chantier.

Bien que paraissant indestructible et résistant aux assauts de l'océan, la Digue n’en est pas moins bâtie sur du sable et nécessite un entretien constant.

Profil en coupe de la Digue Nord. Non daté, don de Monsieur Vergès

Titan

Véritable « monument » tarnosien, qui figurait par ailleurs sur l’ancien logo de la ville, la grue Titan a été l’élément moteur de la construction de la grande Digue.

Depuis 1962, date du début des travaux de la Digue, Titan dominait l’embouchure de l’Adour. Cette énorme grue à treillis d’un poids total d’environ 350 tonnes, avec une flèche horizontale de 90 mètres de long a été montée sur place, pièce par pièce.

Rachetée par l’État à la fin des travaux de construction de la Digue, Titan a servi pour son entretien durant 30 ans : sa robustesse l’autorisait à placer directement dans l’océan des enrochements ainsi que des blocs jusqu'à 40 tonnes !

Rouillé et inutilisé depuis 1992, Titan est vendu aux enchères à une société qui procède à sa démolition en 1999, malgré la protestation des élu·e·s tarnosien·ne·s.

Retrouvez

Titan démoli, cet édifice gigantesque reste néanmoins profondément ancrée dans certaines mémoires et a marqué plus d’une génération.

Ancien logo de la ville de Tarnos

La Saison des plages

Située à environ 700 mètres de l’embouchure de l’Adour sur la rive droite, la « Petite Mer », comme l'avait baptisé les habitants de la Cité des Forges, constituait une piscine naturelle et sans danger. Quelques aménagements agrémentent cette nouvelle « plage » : dès la fin du XIXème siècle, des cabines de bains et un débit de boissons y sont installés.

D’abord fréquentée par les enfants et habitants des Forges jusque dans les années 40, la Petite Mer a attiré par la suite de nombreux estivants, qui trouvaient là un lieu de baignade plus plaisant et moins fréquenté que les plages basques ou landaises.
De nombreuses animations ajoutaient au charme de cet endroit : concours de plongeon, chasse au canard, courses à la nage… Sans oublier les marchands de glaces, cacahuètes ou gaufres !

Avec la construction de la Digue dans les années 1960, une seconde plage communément appelée « la plage d'entre les deux digues » devient un lieu de baignade privilégié, à l’abri des vagues assaillantes de l’océan.
En 1999 pourtant, la baignade devient interdite pour cause de pollution. Néanmoins, ce lieu incontournable est resté hiver comme été un lieu plaisant, pour les badauds, les surfers comme pour les pêcheurs.

L'été, la "plage de la Digue", surveillée au Nord de la grande Digue et labellisée "Handiplage", continue de faire le bonheur des baigneurs.

La Petite Mer. Années 1950-1960, Ville de Tarnos

Les Colères de l'Océan

La difficulté de passage de l’Adour a mis à mal plus d’un navire ; pour ne citer que quelques exemples, le naufrage du « Bayonnais » en 1873 ou celui du cargo « Walborg » en 1938…ou encore la difficulté d’amarrer du « Chassiron » en 2003.

S’il est un naufrage qui a marqué l’histoire de la Digue, c’est celui du « Romulus », dans la nuit du 14 au 15 décembre 1969.

Cette nuit-là, la mer est déchaînée et il tombe une pluie diluvienne ; le sauvetage ne peut s’effectuer par la mer. La décision d’utiliser la grue Titan est alors prise, malgré le danger représenté par les fortes rafales de vent. Arrivée à la hauteur de l’épave, la flèche de Titan est orientée sur le bateau, les crochets sont descendus et un premier marin s’accroche, suivi de 17 autres hommes. 18 marins ont été ainsi arrachés à une mort certaine. Des dizaines de personnes ont participé à ce sauvetage et leur acte de bravoure a été récompensé.

L’hélice du Romulus, seul vestige du bateau, trône aujourd’hui devant la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne, agrémentée d’une plaque de marbre rappelant les circonstances de ce terrible naufrage.

La Petite Mer. Années 1950-1960, Ville de Tarnos