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Alexandre Viro

Un fils d’imigré

Alexandre Joseph Viro, est né le 20 mars 1881 dans la ville de Rive-de-Gier (département de la Loire). Bien qu’il soit né en France, les parents d’Alexandre Viro sont italiens et il est donc lui-même de nationalité italienne. Sa mère était ménagère et son père boulanger, sans domicile fixe ni connu.

Alors qu’il est encore un enfant, Alexandre Viro et sa famille s’installent dans notre région. Il épouse Madeleine BOUHEBEN à Boucau le 6 septembre 1901, avec laquelle il a trois enfants.

Ouvrier des Forges engagé

Adulte, il entre aux Forges de l’Adour où il devient ouvrier métallurgiste. Confronté à l’exploitation des maîtres des forges, il se syndicalise rapidement à la Confédération Générale du Travail (CGT). Il y gagne la confiance de ses camarades, participe à la grève de mai 1918 avec occupation d’usine et assure même l’intérim du secrétariat du syndicat en juin 1918 alors que le secrétaire de l’époque, Joseph Desarménien, est mobilisé. Alors que la Première guerre mondiale n’est pas encore achevée, ses activités militantes et son engagement dans le syndicalisme ouvrier lui valent de nombreuses menaces et la répression de l’État.

Dès cette époque, le représentant de l’État chargé de contrôler les usines de guerre s’inquiète de son influence sur les ouvriers et demande au Préfet de faire procéder à l’expulsion d’Alexandre Viro. Mais la solidarité des ouvriers des Forges, qui menacèrent de se mettre en grève, fit cependant reculer l’État. Cette menace d’expulsion empêche toutefois Alexandre Viro de continuer ses activités syndicales aux Forges.

Un syndicat menacé

La CGT le charge donc d’apporter ses connaissances et son savoir-faire aux travailleurs en lutte qui ne sont pas organisés. En 1919, à Pau, il participe à l’organisation de la grève des boulangers puis de celle du bâtiment. En 1920, à Mauléon, il aide les sandaliers dans leur lutte.

Comme le prouvent les archives, chacune de ses grèves est très surveillée par la police française et les agissements d’Alexandre Viro sont scrutés avec beaucoup d’attention. Le patronat et l’État n’attendent qu’un faux pas de sa part pour prononcer l’expulsion.

En mars 1920, le Conseiller général de Saint-Martin-de-Seignanx dénonce dans un courrier « les agissements de Virot [sic] ».

Solidaires avec les métayers

Avec ses camarades de la CGT, Alexandre Viro n’a pas cessé son activité. Il organise des réunions afin d’aider dans leur lutte les métayers de l’arrondissement de Dax (dont dépend le Seignanx). Ces derniers se battent contre un statut archaïque et profondément injuste qui donne tous les droits aux propriétaires des terres. Au sortir de la guerre, le statut de métayer semble tout simplement insupportable à ces petits paysans et ils réclament une refonte en profondeur. Alexandre Viro contribue à la création du syndicat des métayers du Bas-Adour qui regroupe plus de 3400 métayers.

Il doit ensuite participer à une campagne semblable auprès des métayers de la Chalosse dans l’arrondissement de Saint-Sever.

Inquiet de cette agitation et de la propagation du syndicalisme parmi les métayers, l’État décide de frapper à la tête du mouvement et emprisonne Alexandre Viro, qualifié d’« agitateur dangereux pour l’ordre public ». Le 29 mai 1920, les métayers décident de manifester leur soutien à Alexandre Viro en se réunissant devant la prison dacquoise mais, prévenus de leurs intentions, 40 gendarmes landais et 60 soldats du 34e régiment d’infanterie de Mont-de-Marsan sont envoyés à Dax. Par crainte d’une répression violente, le rassemblement des métayers est finalement annulé.

L’exil

En mai 1920, sur proposition du Préfet des Landes, considérant que la présence en France d’Alexandre Viro « est de nature à compromettre la sûreté publique », le Ministre de l’Intérieur signe son arrêté d’expulsion. C’est depuis la maison d’arrêts de Dax où Alexandre Viro est détenu qu’on lui signifie cette expulsion. Bien que né en France où il a toujours résidé, bien qu’il ait épousé une Française dont il a eu trois enfants et avec laquelle il vivait alors à Tarnos, Alexandre Viro est expulsé de France.

Il s’installe à Irun en attendant de pouvoir rentrer et retrouver sa femme et ses enfants. Cet exil l’épuise et, en 1922, c’est un homme brisé qui assure le Préfet de son renoncement à la lutte syndicale et le supplie de bien vouloir le laisser rentrer à Tarnos afin de retrouver sa famille. En 1924, après 4 ans d’exil, Alexandre Viro est finalement autorisé à rentrer en France.

Ses convictions et sa lutte en faveur des droits des travailleurs lui ont coûté cher sur le plan personnel. Il décède à Tarnos le 27 janvier 1951 dans une grande pauvreté et il semble aujourd’hui tout naturel que ce syndicaliste, qui a consenti à beaucoup de sacrifices pour ses idées de justice et de progrès, soit aujourd’hui honoré en lui donnant son nom à une place centrale de la ville.

Le saviez-vous ?

Le 20 mai 1920, l’ensemble du Conseil municipal de Tarnos démissionne, « protestant contre les sanctions dont sont victimes [leurs] camarades » du Conseil municipal du Boucau, mais aussi devant « l’arrestation arbitraire » de Viro.